« Ne pas avoir de réseaux ne doit pas être une fatalité », explique Mélanie Taravant, chroniqueuse à « La Quotidienne » sur France 5, une des trois fondatrices de l’association « Viens voir mon taf ». Avec Virginie Salmen, reporter éducation à Europe 1 et Gaëlle Frilet, professeure d’anglais, elles se sont réunies au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, en janvier 2015. « On voulait changer le monde, rapprocher les gens qui ne se côtoient jamais et surtout le faire rapidement » renchérit-elle.
Et la question du stage de troisième est rapidement arrivée dans la discussion. « Dans mon secteur, on reçoit beaucoup de “fils et de fille de”. Je ne m’exclus pas de ce système, confesse la journaliste. Cette première expérience, c’est surtout la première rencontre pour ces jeunes avec l’injustice sociale. »
Un tremplin pour s’en sortir
A trois, puis rapidement rejoint par une équipe de bénévoles, ils ont tous décidé d’ouvrir leurs carnets d’adresses. De l’édition, au graphisme en passant par le laboratoire de biologie, une centaine d’adolescents ont déjà pu en profiter depuis le lancement de la plateforme sur internet, en septembre 2015.
Ces domaines sont souvent bien éloignés de leur environnement social. Pour Martine Robic, conseillère principale d’éducation (CPE) au collège Marie Curie dans le XVIIIe arrondissement de Paris, « ça fait plaisir de voir de telles initiatives. J’ai découvert ce site après qu’une de mes élèves ait trouvé son stage dans un restaurant parisien. »
Cette élève, c’est Marie, 14 ans. Pendant cinq jours, elle s’est levée tous les matins pour rejoindre la brigade de Théo Pourriat, le chef du Septime rue de Charonne, dans l’est de Paris. Avant de commencer, l’équipe de « Viens voir mon taf » avait briefé la jeune stagiaire. « On leur explique qu’il faut être poli, ponctuel et sérieux », raconte Mélanie. Pour la journaliste, cette première expérience les engage vraiment sur la voie professionnelle, « je leur conseille de prendre le maximum de contact ». La preuve : quelques jours après la fin du stage, Marie et sa maman ont déjà fait du repérage dans les lycées hôteliers de l’Ile-de-France.
D’ici trois semaines, la saison des stages de troisième sera terminée mais l’association ne compte pas en rester là. « On cherche à attirer de nouveaux professionnels, notamment dans les domaines de la santé et de l’artisanat », explique Mélanie Taravant. Mais d’ores et déjà, les trois fondatrices pensent à étendre le projet à l’ensemble des villes de France. Une antenne de « Viens voir mon taf » ouvrira prochainement à Lyon.
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Crédits: Viens voir mon taf